Aller au contenu principal

Comment devenir notaire en Guinée ?

Comment devenir notaire en Guinée ?

ANDRÉE DABO

Notaire, 39 ans

Quel est votre métier ? En quoi consiste-t-il ?

Je suis notaire. Le notaire est un juriste investi d’une mission de service public par l’État. Il agit pour le compte de l’État et est nommé par le ministre de la Justice. Il confère l’authenticité aux contrats pour le compte de ses clients, il les accompagne dans de nombreux domaines de leur vie, pour les aider à donner un cadre juridique à leurs projets, qu’ils soient privés ou professionnels.

Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?

Mon père était avocat et j’étais très proche de lui ; j’ai baigné dans le droit depuis toute petite, je ne me voyais pas faire autre chose que du droit. Le choix du notariat a été circonstanciel (je voulais me distinguer de mon père).

Aimez-vous votre métier ? Pourquoi ?

J’adore mon métier. C’est un métier social même s’il n’y parait pas. Vous devez
comprendre les gens et surtout les écouter pour déterminer au mieux le cadre juridique qui convient à leurs projets. Le notaire est en contact avec toutes les classes sociales dans le cadre de sa mission de service public. En théorie, tout le monde a besoin d’un notaire un jour.

Quels sont les côtés positifs et négatifs de votre métier ?

C’est un métier dans lequel on peut très bien gagner sa vie à condition d’être efficace et de fidéliser sa clientèle. Il permet aussi d’élargir son carnet d’adresses, car en tant qu’officier public, le notaire est amené à travailler avec tout le monde.
Pour le côté négatif, comme dans tous les métiers où on est en contact direct avec des clients, cela peut générer un certain stress. Une pression extérieure pas toujours évidente à gérer. Il y a un gros travail de pédagogie et de vulgarisation du droit à faire, pour faire comprendre au client l’importance d’une règle et quelques fois, la nécessité de fournir un document. Ça n’est pas chose facile, certains clients peuvent se montrer discourtois. Il faut rappeler que le notaire est un collecteur d’impôts pour l’État. Lorsque nous signons un acte pour un client, celui-ci-nous verse l’impôt lié à cet acte, impôt que nous reversons à l’État, donc une grande partie des frais que le notaire demande au client est composée d’impôts. C’est difficile à faire accepter au client quelquefois.

Normalement quel diplôme est nécessaire pour exercer votre métier ? Y a-t-il d’autres voies pour y accéder ?

Pour être notaire, Il faut le diplôme d’aptitude aux fonctions de notaire. En République de Guinée, il faut avoir un Master 1, en droit, ensuite trouver un notaire pour effectuer le stage obligatoire de quatre années. Un examen est nécessaire pour être inscrit au registre des stages.
Après l’inscription à ce registre, vous effectuez quatre années de stage et vous
passez un examen de sortie pour obtenir le diplôme d’aptitude aux fonctions de notaire. C’est sensiblement différent en France, il faut compter en tout sept années d’Études après le baccalauréat. Ces règles sont assouplies pour certains professionnels du droit qui souhaitent accéder à la profession
sous certaines conditions.

Quelle qualité faut-il pour exercer votre métier ?

Il faut être bon juriste pour commencer, avoir bien digéré son droit ; c’est indispensable pour proposer des solutions et avoir un raisonnement face à des situations qui, parfois sont complexes. Il faut avoir de la logique, être sociable, patient et psychologue. À mon sens, si on n’aime pas les gens, on ne peut pas faire ce métier. Enfin, il faut avoir des qualités de chef d’entreprise. Le métier de notaire est exercé dans un cadre libéral la plupart du temps.
Gérer des employés, des comptes, des fournisseurs, on ne l’apprend pas vraiment à la faculté de droit (rire) et on doit le faire au quotidien, alors qu’on a envie de faire que du droit (rire).

Quels sont vos diplômes ?

Un Bac série littéraire, Une maitrise en droit, un diplôme d’aptitude aux fonctions de notaire (France), diplôme d’aptitude aux fonctions de notaire (Guinée).

Y a-t-il beaucoup d’opportunités d’embauche dans votre métier ?

Tout dépend, si on veut être notaire, il faut s’accrocher, car comme vous le savez
maintenant, la formation est très longue. Le notariat est une profession réglementée et organisée. On ne s’installe pas comme on veut. Le notaire une fois qu’il remplit toutes les conditions d’accès à la profession, est nommé par le garde des sceaux (ministre de la Justice), dans une localité déterminée pour y assurer la mission de service public.
Je dirai que la profession de notaire n’est pas encore bien connue et acceptée par la population or, elle est essentielle pour apporter une sécurité juridique au climat
des affaires notamment. Le notaire est assisté de bons juristes, techniciens du droit que l’on appelle communément les « clercs de notaire », (non non, un clerc n’est pas celui qui éclaire le notaire quand il écrit (rire) c’est pour la petite blague). Le notaire a besoin de bons clercs. Donc on peut travailler dans une étude de notaire sans forcément être notaire.

Souhaitez-vous nous parler de 3 étapes clés de votre parcours ?

En fait je n’ai exercé que ce métier depuis la fin de mes études. La première étape, c’est le choix du métier de notaire, en fait j’étais partie pour faire comme « papa » mais au dernier moment, j’ai changé d’avis et me suis dirigée vers le notariat, ça m’a plu, et je ne regrette absolument pas ce choix. La 2e étape, c’est le choix du domaine dans lequel je voulais évoluer après mes Études. C’est important d’avoir des mentors dans la vie professionnelle, des personnes qui vous donnent envie d’être meilleur et d’aller toujours plus loin. La 3e étape, mon retour en Guinée après 18 ans à l’étranger. Il a fallu recommencer presque à zéro, avoir le courage de repasser des examens, alors que je pensais en avoir fini avec l’école (rire), ça non plus, je ne le regrette pas.

Pour me contacter :

Chambre des Notaires de Guinée
☎ 623 53 53 79